Eyjafjallajökull, c’est le volcan islandais dont on a tant parlé en 2010, son éruption ayant entraîné la fermeture de l’espace aérien européen pendant une semaine entière. C’est aussi le volcan qui a obligé les journalistes du monde entier à redoubler de créativité pour éviter de dire son nom, qu’ils étaient incapables de prononcer, tout en ne parlant que de lui des jours durant !
Ce volcan, à défaut d’avoir incité la population mondiale à se familiariser avec la phonétique islandaise, est en tout cas celui qui a permis de mettre l’Islande sur la route de bien des voyageurs, ce qui a initié un engouement sans précédent pour le pays.
C’est avec le printemps, dans la nuit du 20 au 21 mars 2010 très exactement, après des semaines d‘activité sismique accrue dans la zone laissant présager que quelque chose était en train de se tramer, que le volcan Eyjafjallajökull a décidé de revenir à la vie après une longue période d’hibernation, le dernier sursaut de la bête remontant alors à l’année 1821. Mais rien de bien méchant dans les premiers temps : juste deux petites fissures éruptives de 150 et 200m de long, situées à env. 8km à l’est du sommet, et crachant de la lave incandescente de façon totalement inoffensive. Le tout se déroule très loin des zones habitées, à 1000 m d’altitude, en haut d’un col de montagne accessible uniquement à pied. Donc somme toute, un bien joli spectacle sons et lumières. Ou pour utiliser une analogie aux saveurs locales : un pet de troll, tout au plus.
Mais le 14 avril de cette même année, les choses se gâtent. C’est tout d’un coup au niveau du sommet du volcan et de son cratère, à plus de 1600 m d’altitude, là où la montagne est recouverte par la calotte d’un glacier, que la lave qui remonte vers la surface depuis la chambre magmatique du volcan parvient finalement à se frayer un chemin. La rencontre du magma brûlant avec l’épaisse nappe de glace qui recouvre le sol en surface est explosive ! Le choc thermique brutal, combiné à la présence d’eau due à la fonte du glacier et à la chute de pression énorme que la lave rencontre en surface quand elle arrive à l’air libre, donne lieu à son explosion en particules et cendres volcaniques très fines. Celles-ci, après être grimpées très rapidement jusqu’à une altitude de 8 km, sont ensuite charriées dans les couches supérieures de l’atmosphère sur des milliers de kilomètres par les vents extrêmement violents qui règnent à ces hauteurs.
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Mais manque de pot : le chemin emprunté par la cendre volcanique croise rapidement les routes aériennes parmi les plus empruntées de la planète, obligeant les autorités, dans les jours qui suivent le début de l’éruption, à fermer l’ensemble de l’espace aérien européen par mesure de sécurité. Bien que cette mesure extrême ne soit mise en application que par intermittence, selon les caprices des vents d’altitude, on estime que dans la semaine du 14 au 21 avril 2010, ce sont près de 50% des vols qui sont purement et simplement annulés en Europe, ce qui représente plus de 100 000 vols et affecte près de 10 millions de passagers…
Cependant, si une telle éruption se reproduisait dans le futur (ce qui n’est pas une question de « si » mais de « quand »), et à moins qu’elle ne prenne des proportions vraiment cataclysmiques, il est fort à parier que son impact sur le trafic aérien serait alors bien moins important.
Il y a différentes raisons à cela, et notamment les conditions climatiques très particulières qui régnèrent au-dessus de l’Islande et de l’Europe pendant les 39 jours que dura l’éruption de 2010 (orientation des vents dominants, faiblesse des précipitations). Mais ce qui a surtout changé, c’est qu’à l’époque, trop peu de tests avaient été effectués par les compagnies aériennes pour estimer la résistance de leurs avions, et plus particulièrement de leurs moteurs, face aux cendres volcaniques. Or, ces particules sont non seulement très abrasives, mais peuvent aussi, en concentration suffisante, aller jusqu’à étouffer les moteurs.
Dans les faits, en 2010, on ne savait donc pas du tout jusqu’à quelle concentration de cendres dans l’air, moyennant un entretien adéquat des moteurs, il était sécuritaire de voler. De ce fait, la règle qui prévalait était la plus simple et élémentaire qui soit : s’il y a des cendres volcaniques dans l’air, on ne vole pas !
Mais les pertes de près d’1,5 milliard d’euros engrangés par les compagnies aériennes au cours de la seule semaine du 14 au 21 avril 2010 les ont encouragés à creuser la question un peu plus et à faire les tests nécessaires. Ainsi connait-on aujourd’hui les limites des appareils et, avec cette information en main, n’aura-t-on sûrement pas la détente aussi rapide, à la prochaine éruption, quand se posera de nouveau la question de fermer ou non l’espace aérien de l’Europe entière, qui plus est pour une éruption aussi minuscule que celle de 2010 !
De fait, à l’occasion de l’éruption sous-glaciaire du volcan islandais Grimsvötn au printemps 2011, un an plus tard, seuls 900 vols furent annulés à l’échelle de l’Europe toute entière. Pourtant, cette éruption fut 100 fois plus puissante que celle de l’Eyjafjallajökull, et elle cracha dans l’atmosphère 2 fois plus de cendres volcaniques en 10 fois moins de temps !
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